4 giugno 2011

Mariage à l'italienne !

                  Dans les années 80, les Italiens faisaient encore bien valoir leur réputation de latin-lover, et leur façon peut-être un peu antique pour nous de faire la cour charmait facilement les jeunes étrangères dans ce qu'ici on appelle le "beau pays" ! Je me rappelle même avoir été suivie avec insistance, durant un de mes brefs séjours à Venise, par un jeune et assidu prétendant. Ce comportement alors typique des jeunes italiens qui n'abandonnaient pas la "prise" si facilement dérangeaient certaines jeunes filles, mais au fond, pour beaucoup d'entre nous cette rare occasion d'être courtisée de façon si effrontée était flatteuse.
Il suffisait d'être jeune et discrètement mignonne pour attirer l'attention de tout mâle encore actif et possiblement pas trop marié ! Pour moi, c'était un monde nouveau; je sentais le besoin d'être appréciée, besoin peut-être stupide car au fond il ne suffit pas d'un sourire et d'un compliment, mais l'adolescente que j'étais ne se sentait guère aimée. Et c'est probablement pour cela que les douces attentions d'Antonio me conquistèrent de suite. Antonio est un grand charmeur, spontané et sans artifices. Les premiers mois de notre ménage ensemble ne furent guère faciles car quoi que vous en pensiez, il existe de grandes différences dans les mentalités de nos deux pays, de plus nous venions de deux cultures et deux milieux sociaux totalement différents, et même si nous n'y attachions pas d'importance, cela nous posât des problèmes au début. Bref, nous supérames ces insurmontables difficultés et arrivames à la décision de nous marier.
Avez vous jamais assisté à un mariage dans le sud de l'Italie ? Probablement non, alors je vous y porte. Mais puisque vous me demandez pourquoi nous avons optés pour le sud de l'Italie, c'est qu'il était beaucoup plus aisé de déplacer ma famille, qui allait se trouver en minorité éclatante- ou du moins ceux qui firent l'effort de participer à mon mariage- que la vaste famille d'Antonio, qui avait ses origines là-bas, dans ce petit coin méconnu de l'Italie du sud. Et contrairement à la coutume, ce n'est pas moi qui organisat le repas, les invitations et tous les nombreux détails qui contribuent à créer un mariage parfait, (ou du moins tel qu'on le souhaite ). Je n'avais guère de problèmes avec la langue italienne, mais ce que je devais découvrir arrivant dans le pittoresque village d'Antonio, est que la langue italienne ne me suffisait pas pour comprendre ce qui se passait autour de moi. L'organisation fut prise en main par mon mari et sa mère,- et pour une fois la belle-mère entreprenante fut une bénédiction- car traiter avec les gens du pays pour les menus, les prix..n'était pas une synécure. Le sud de l'Italie est un vaste monde coloré et le plus souvent d'origine paysanne tout à découvrir. Je connaissais déjà le petit village des origines de mon mari et j'avais connu, durant un précédent séjour, la majeure partie de sa nombreuse famille; j'eus du mal, et il me fallut aussi beaucoup de temps, à comprendre les effectifs liens de famille avec toutes les personnes qui me furent présentés en une interminable et rapide succession, tellement rapide que j'entrais souvent en confusion et confondais cousins et voisins, parents et amis....De plus, en cette période, je fus présentée à tous les amis d'enfance, voisins de banc, amis de quartiers, cousins lointains, voisins des cousins, et connaissances des voisins des cousins...Bref, seulement y penser me fait encore tourner la tête ! Pour compliquer le tout, une bonne partie de ces gens ne parlaient que leur patois qui n'a effectivement rien à voir avec l'italien pur et ceux qui, comprenant mon malaise, faisaient un gros effort pour glisser au moins une phrase en italien avec la petite française qui aurait bien fini par apprendre leur délicieux patois, retournaient vite à leurs habitudes. Vivant avec un jeune homme du village, il était sous-entendu pour eux que, tot ou tard, j'apprenne à parler le patois.
Une autre chose qui allait vite devenir une des missions préférées de beaucoup de femmes était l'idée de me rembourrer un petit peu: trop maigre la petite française, on va la faire manger !! Et donc, toutes les personnes à qui nous allions rendre visite, se faisaient un point d'honneur de réussir à me faire engouffrer quelque aliment, et si vous parlez du sud de l'Italie, abandonnez toute idée de diète, ou aliment vaguement diététique. Je déroutais souvent ces gens là par mes refus bien nets, car une autre habitude difficile à déraciner là-bas est celle d'insister.
Il est de coutume d'offrir quelque aliment à toute personne qui vient vous trouver chez vous et toujours la coutume veut que vous refusiez poliment, et ce n'est qu'à la deuxième ou troisième proposition qu'il est juste d'accepter. Mais si je n'avais pas faim, il était improbable que j'accepte, même après plusieurs propositions, d'autant plus qu'à ce temps là mon estomac avait encore une dimension très réduite ! Par contre, devant un bon espresso, j'acceptais très souvent et de suite, ce qui représentait vraiment une énigme outre qu'une grande surprise pour mon hôte:
mais comment lui vient t-il à l'idée d'accepter, n'y a t-il pas de café chez sa belle-mère ?? Bref, cette hospitalité contradictoire avait des règles que je ne suivais guère et je fus donc une déception de ce côté là. Une chose que je ne peux nier est qu'en cette période je n'ai guère souffert de solitude !!
Pour en revenir à ce fameux mariage, je n'avais moi-même décidément aucune idée de comment se déroulait un mariage dans le sud et de ce qui m'attendait, mais cela promettait d'être quelque chose de spécial. A dire la vérité, je n'avais même aucune idée de comment se déroulait un mariage classique; disons donc que j'étais à jeun d'informations. Tout cela me préoccupait un peu mais je remerciais ma belle-mère pour s'être chargée de toutes les complications. Il faut donc dire, qu'en dehors du fait que j'ai un piètre sens de l'organisation, dans le sud, il m'aurait fallu plus qu'autre chose, une grande capacité aux papotages, à déjouer les pièges linguistiques: c'est à dire, savoir traiter sur les prix, demander le maximum pour obtenir le juste...
Les gens du sud se moquent souvent d'eux-mêmes et répètent volontiers cette blague:
s'il vous arrive de vous sentir mal à Londres, vous pourriez très bien mourir dans la rue car personne ne vous prêtera attention, mais si vous venez à Naples et que vous vous sentez mal, vous courreriez aussi le risque de mourir dans la rue... car tous les gens se disputeront autour de vous pour décider comment vous aider !!
Ceci résume joyeusement l'état d'esprit dans lequel peut se trouver un inconnu qui débarque dans le sud de l'Italie. Vous serez cernés, entourés d'attention à vous en faire étouffer et la seule solution sage serait de se sauver, mais ce n'est pas ce que je fis. Au contraire, je me laissais étouffer ! Les premières journées de notre séjour, en prévision du mariage, se passèrent en visite-parents; pratiquement, nous allames porte à porte saluer parents, amis et voisins qui voulaient voir la jeune mariée. Cela faisait un peu "vente du bétail" mais étant plutôt dépaysée, j'acceptais volontiers cet examen. D'ailleurs, je dois admettre que j'appréciais toutes ces attentions et cela fut une douce impression d'être acceptée de suite par toute la famille alors qu'il n'était pas évident pour eux d'accepter une mariée qui n'était ni de leur culture, ni de leur milieu social, pire encore...une étrangère, et pourtant il fut logique pour eux d'accepter le choix de mon mari. Je me sentis aimée de suite et me sentis vite chez moi. Donc, après quelques jours de surmenage, petit à petit, ma famille se présentat au village et quand je dis "ma famille", je parle de l'infime partie qui parcourut un minimum de 1300 kms pour être présents, ce qui au fond fut un bel effort !! Je regrettais quelques absents mais appréciais avec plaisir les courageux, qui me firent sentir un peu moins dépaysée. Outre quelques cousins, oncles et mes soeurs, à notre mariage vint, invité bien sûr, un monsieur d'environ 75 ans qui fit le voyage de Londres jusqu'à ce petit bout de terre lointaine et isolée. Ce monsieur était un magicien qui avait aussi à son actif la participation à quelques films en compagnie de célèbrités. Bref, notre illustre invité ne prenait peur de rien et à notre grand étonnement il arrivat un après-midi au village, chez mes beaux-parents. Il avait voyagé en train de Londres, puis arrivé à 4 ou 5 kms de chez nous, les choses se compliquèrent et il y avait peu de moyens de transport, mais cet homme nous surprit car ne parlant guère l'italien, et certainement encore moins  le patois du coin, il trouvat moyen de se faire porter directement devant chez nous par un camioniste !!
Antonio et ses parents eurent beaucoup à faire pour nourrir et loger tout ce beau monde. Notre ami anglais se fit bien choyer par ma belle-mère, qui lui préparait tous les matins le petit déjeuner typique des paysans, petit déjeuner robuste et copieux qu'appréciait fort notre invité !
Arrivat enfin le jour du mariage:
à 5 heures du matin, je me réveillais avec l'agitation normale d'une jeune mariée qui se prépare à une des journées plus longues et plus importante de sa vie. Je sortis habillée, maquillée et coiffée de la maison des parents de ma belle-soeur. En effet, dans le sud de l'Italie les traditions ont toujours eu leurs poids et il serait semblé invraisemblable à mes beaux-parents de m'héberger chez eux avant le mariage. Tout cela vous semblera étrange, mais j'appris bien des curiosités sur les us et coutumes plus ou moins médiévaux encore en vigueur dans le coeur de l'Europe (oui, enfin ! Le talon de la botte se rapproche plutot du moyen-orient !). J'avais accepté de me marier dans ce petit village, dans le grand sud et donc il était pour le moins naturel d'en suivre les traditions. Nous arrivâmes donc devant l'église avec juste le retard nécessaire pour respecter la tradition et faire attendre mon doux époux. Beaucoup de monde s'était déjà rassemblé sur le parvis; il y avait les parents, les amis et les curieux. La fonction me semblat longue mais probablement l'impression était due à la tension accumulée depuis mon réveil à 5 heures du matin. Enfin tout s'était déroulé à la perfection et maintenant arrivait l'heure des traditionnelles photos. Notre photographe nous conduisit dans la vieille ville, encore en ruines après le tremblement de terre de 1980, sur une romantique petite place déserte où commençat la longue série des photos qui devait durer bien plus longtemps que je ne puisse me l'imaginer.
Après les premières photos en tête à tête, arrivait l'heure du repas de noces où se consommat un traditionnel repas des fêtes, à base de viande, qui à lui seul aurait suffi pour nourrir tout le village. D'ailleurs, une autre curiosité, rien ne se perd et la famille des mariés, habituellement récupère tout ce qui n'a pas été servi, style "doggy-bag" mais en version humaine ! Impensable de ne pas récupérer de la nourriture pour lequel on  a payé. Cela me sembla curieux, mais bon...puisque j'avais décidé de m'adapter aux coutumes locales, il fallait que j'aille jusqu'au bout, n'est-ce pas ?
Rien de bien spécial dans notre repas de noces, si ce n'est ...qu'y était invitées plus de 100 personnes. Car en effet, dans le sud de l'Italie, et en particulier dans les campagnes, dans les petites villes, il est d'usage d'inviter toute la famille au grand complet, parents, cousins, cousines, oncles, tantes, neveux, nièces, puis naturellement les amis, mais il ne faut en oublier aucun pour ne pas risquer de créer des jalousies (sans compter que si nous avons été invités à leur mariage, il faut évidemment à notre tour inviter), et à tous ces invités il faut ajouter quelques voisins qui peuvent toujours être utiles. Et bien, au fond, il n'est pas si difficile d'arriver au modeste chifre de 100 personnes, surtout si l'on considère que les familles de la génération de mes beaux-parents étaient composées au moins de 4 enfants. En fait, notre mariage fut un des moins peuplés de l'année puisque ma famille (mes propres invités ) était réduite à une vingtaine de personnes. Certains mariages arrivaient facilement à 300-400 invités.
Et après un repas qui dura jusque tard dans l'après-midi, nous n'avions pas encore eu droit au gâteau, mais il était temps de repartir avec la longue série de photos. Je ne saurais vous dire combien tout cela dura, mais il me fallut poser -et dire que j'avais toujours détesté cela quand j'étais gamine- premièrement pour les photos avec les parents les plus proches, puis arrivait l'interminable série des oncles et tantes de mon mari, ses cousins, cousines (et par bonheur, il y avait tout de même des absents..) et enfin les amis. Toute cette torture ne terminat qu'après les photos avec les voisins, mais je peux vous assurer que ma fatigue est bien visible sur les photos et donc si vous souhaitez connaitre les parents les plus proches...il vous suffit d'observer les photographies où mon sourire est encore éclatant, pétillant et naturel !
Ouaah, il était temps, le gâteau commençait à désespèrer. Et nous allames le dévorer. Il vous semblait peut-être que la journée soit finie là ? Et bien non, en fin d'après-midi commencèrent les danses et la première danse consacrée aux jeunes mariés fut une surprise complète pour moi, car nous fumes encerclés par les amis et parents qui nous emprisonnèrent dans les serpentins . La surprise fut totale pour moi qui n'avait pas été avertie et progressivement les amis nous enrobèrent dans un long serpentin jusqu'à ce que nous soyons complètement bloqués. Quand nous fumes collés l'un à l'autre, et qu'il nous fut impossible de bouger le moindre muscle, nous fumes libérés.
Mais si vous croyez que se termine là la liste de bizarretés auquelles nous assistames ce jour là,....laissez moi vous dire que vous vous trompez. Je devais découvrir encore bien d'autres choses qui nous déroutèrent; une de celles-ci eut lieu à ce moment de la fête où tout le monde avait bien dansé, s'était joyeusement défoulé et vu que la journée était chaude, la soif se faisait sentir. Mais chose curieuse, les serveurs avaient oté tous les verres de table, il ne restait que quelques bouteilles de vin local (chaque famille avait sa vigne et produisait pour soi-meme ) et tout d'un coup mes parents se virent proposer une bouteille........Il leur fallut un temps relativement long pour réaliser qu'ils auraient du, suivant l'exemple des gens du village, boire directement à la bouteille avant de la faire passer aux autres assoiffés ! Heureusement, mon mari comprit vite leur malaise et procurat des verres en plastique. Us et coutumes...et il n'est pas toujours si évident de s'y adapter, à moins de devoir vivre là-bas.
Dernier détail -appelons le détail, mais il ne fut pas tel pour nous- déroutant, dépaysant, déconcertant, embarrassant, surprenant, et ajoutez en d'autres si vous avez un peu de fantaisie, mais le fait est que nous n'aurions pas pu abandonner notre propre mariage sans balayer les restes de la fête !!! Et là, j'aimerais bien voir votre tête, car cela devait ressembler à celle que nous fimes mes parents et moi. Comment, c'est MON mariage et je dois mettre tout en ordre à ma propre fête !! Et oui, us et coutumes, mais qui a dit que nous devons tout adopter en bloc lorsque l'on se marie, et tout de même cela était trop pour moi.... Enfin, par bonheur quelques bonnes âmes se chargèrent de nettoyer la salle et la mariée put s'en aller heureuse!!!
La journée avait été longue, extrèmement longue mais à part la longue séance de pose, tout s'était déroulé joyeusement et je fus même chanceuse, car le fait d'être étrangère et nouvelle arrivée dans le village m'épargnat les plaisanteries en tout genre dont sont normalement honorés tous les nouveaux jeunes mariés: clés disparus, meubles envolés, lit compris, amis qui se présentent nombreux au moment le moins opportun ou en pleine nuit réclamant un bon plat de spaghetti qu'il est impensable de refuser. Ne sachant pas si les françaises sont dotées de sens de l'humour, dans le doute, ils s'abstinrent.....

Nessun commento:

Posta un commento