30 gennaio 2013

Petites rencontres folles




Je me suis souvent entendue dire qu'avec ma facilité à apprendre les langues, j'aurais du trouver facilement un emploi, et cette chose me tourmentait car je ne comprenais pas si le problème c'était moi -incapable de me procurer un bon emploi selon mes capacités, capacités que je n'ai pas encore déchiffrées- ou la ville où je vis qui était incapable de m'offrir ce que je désirais, ce dont je rêvais !!

Je n'ai toujours pas trouvée la solution et voilà pourquoi, malgrè tout, à plus de 50 ans je ne me résoud pas à abandonner mes rêves, même si je ne les ai pas encore déchiffrés. Tout ce que je sais sans l'ombre d'un doute est que chaque fois que j'ai travaillé dans le milieu du tourisme, je me sentais satisfaite. J'ai commencé peu de temps après mon arrivée dans cette petite ville de tourisme qui, à ce moment là était tout de même plus active. Le tourisme de masse y avait ouvert une petite brèche et c'est d'ailleurs celle ci qui me fit connaitre cette petite ville d'Italie sur l'Adriatique.
Mon groupe organisé devait passer une semaine là bas, et c'est ce qu'il fit, mais personnellement j'y retournais et y restais par amour; non, qu'avez vous compris ? Pas par amour de la ville mais pour un bel italien ! Rien de bien original, à ce temps là, les Italiens honoraient encore leur réputation de latin-lover et donc comme beaucoup de mes collègues mon voyage m'apportât bien plus que des simples satisfactions professionnelles. Ainsi, peu originalement (mais l'originalité n'est plus de mode et laissez moi donc être banale ) je restais là et cela fut déterminant pour le reste de ma vie.
Antonio m'aida à trouver mon premier emploi dans cette petite ville qui, alors travaillait surtout du tourisme et de l'industrie du meuble.
Grace à un ami qui travaillait dans ce splendide hotel avec piscine, pratiquement sur la plage, j'entrais alors dans le staff comme aide-secretaire, et j'apprenais ainsi ce que sont les recommandations et leur utilité dans le monde du travail. Malheureusement, les bonnes recommandations ne m'arrivent plus depuis lors, quel dommage !
Bon, retournons à cette première expérience, décidément forte et originale car le Directeur était un farfelu personnage, avec lequel l'ennui n'était jamais au programme. Ce que j'appris avec le temps, c'est que dans la restauration et l'hôtellerie les personnages curieux et à la limite de la folie (encore faut-il qualifier la folie: folie douce, folie pure, folie dangereuse...) ne manquent certes pas.
Notre personnage, bedonnant et toujours souriant, ne semblait vraiment point ce qu'il était ! Oui, son aspect négligé et son comportement très informel donnaient plutot l'idée qu'il fut un homme simple, un simple homme. A tel point qu'il arrivait parfois qu'un client lui passait devant, se rendait au bureau et demandait à parler au Directeur; il l'avait pris pour un employé de cuisine! De plus, il buvait abondamment et donc en certaines occasions, il perdait toute notion de décence. Il n'était pas rare à une certaine heure de le trouver affalé sur une des tables du bar avec les restes de quelques bouteilles de vin. Il vivait sans complexe ses vices, mais je dois dire que j'ai tout de même, et malgrè ses extravagances, un bon souvenir de lui parce qu'en dehors du fait que, même dans ses moments d'abandon éthylique il restait correct, il concédait sa pleine confiance aux personnes qui travaillaient pour lui.
J'appris, peu de temps après avoir été embauchée que ce loufoque personnage était un noble ! Vraiment les nobles ne sont plus ce qu'ils étaient. Il ne se comportait pas comme nous pourrions imaginer que le fasse un noble, mais il faut le dire, il n'arrive pas tous les jours de travailler avec un noble et donc...dites moi comment on pourrait se faire une réelle idée de ce que sont les nobles ! Enfin, si vous passez par ici, je peux vous présenter quelques curieux spécimens !
Certains épisodes en particulier, de la vie avec un noble, me sont restés en mémoire. Un jour, je le vis débarquer en slip dans le hall de l'hȏtel, jusqu'à ce que les cris de sa jeune femme le réveillent de sa torpeur et réalisant qu'il lui manquait probablement quelque chose, il retourna tranquillement dans sa chambre. Un autre épisode significatif du personnage se déroulait un après-midi d'été. Une jeune femme vint au bar et commandat une bouteille d'eau naturelle. Il était 4 heures de l'après-midi et la chaleur était insupportable et à cette heure là les clients habituellement se partageaient entre la plage et la piscine. Cette jolie cliente ne supportant pas la chaleur reposait dans sa chambre, et en se rendant au bar, elle eut le temps d'apercevoir le Directeur qui arrosait généreusement les haies devant le hall. Peut-être n'était-ce pas l'endroit idéal, mais disons que la spontanéité ne lui faisait pas défaut ! Il vint servir au bar la bouteille d'eau, mais cinq minutes après, la cliente lui reportat la bouteille en déclarant qu'elle n'était pas naturelle, mais gasseuse. Le Directeur, d'un noble geste -évidemment je plaisantais- mit son gros doigt boudiné sur le goulot et secoua vigoureusement la bouteille puis, avec un large sourire la rendit en affirmant:
maintenant, elle est naturelle !
Faut-il préciser qu'après l'arrosage des haies, il n'avait pas cru bon de se laver les mains...
De tels épisodes se répétèrent à intervalles plus ou moins réguliers durant toute la période où je travaillais là-bas. Au fond, cela me donna l'occasion d'abord de connaitre le pire de ce milieu du travail, ensuite de ne pas m'y ennuyer !
Par la suite, mes expériences de travail furent beaucoup moins mémorables et extasiantes. Antonio continuait à travailler dans ce secteur car il aimait son métier et se faisait apprécier. Moi, entretemps, entre enfants, maison et petits boulots sans conséquence, je me reprenais d'une expérience si originale qui m'avait presque créée dépendance...

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